Comprendre les fausses couches (les arrêts de grossesse) à répétition ou les échecs d'implantation
- Clémence Naturopathe
- 15 mai
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 21 mai

Une réalité difficile mais fréquente
Beaucoup de femmes traversent, au moins une fois dans leur vie, l’épreuve douloureuse d’un arrêt de grossesse — plus communément appelé fausse couche. On estime qu’environ 15 à 20 % des grossesses se terminent spontanément au cours du premier trimestre. Dans la majorité des cas, il s’agit d’un accident ponctuel, souvent lié à une anomalie chromosomique de l’embryon, et la grossesse suivante évolue normalement.
Cependant, certaines femmes subissent plusieurs arrêts de grossesse consécutifs — parfois deux, trois ou plus. Ces situations soulèvent beaucoup de questions : Pourquoi cela arrive-t-il ? Est-ce que quelque chose ne va pas ? Est-ce ma faute ? (Spoiler : non, ce n’est jamais votre faute).
Quand commencer à s’inquiéter ?
Sur le plan médical, on considère qu’un bilan approfondi est indiqué à partir de 2 à 3 fausses couches consécutives. Avant cela, les fausses couches sont généralement considérées comme accidentelles, sans cause pathologique sous-jacente.
En effet, dans plus de 70 % des cas, la première fausse couche est liée à une anomalie génétique spontanée de l’embryon, souvent due à la qualité ovocytaire. L’ovocyte, qui termine sa maturation au moment de l’ovulation, est présent dans les ovaires depuis la naissance de la femme, même depuis qu’elle est dans le ventre de sa mère. Avec l’âge (après 42-43 ans), la fragilité chromosomique augmente, expliquant un risque accru d’anomalies.
Les principales causes des fausses couches à répétition
Lorsqu’un couple fait face à plusieurs arrêts de grossesse, un bilan complet peut être proposé pour explorer différentes pistes :
1. Causes génétiques
Anomalies chromosomiques de l’embryon (aléatoires dans la majorité des cas).
Translocations chromosomiques chez l’un des deux parents (diagnostic via caryotype).
Mutations génétiques : par exemple la mutation MTHFR 677 ou 1298, qui impacte le métabolisme des folates (vitamine B9) et peut entraîner des troubles du développement cellulaire et une élévation de l’homocystéine.
2. Causes anatomiques
Malformations utérines : utérus cloisonné, bicorne, fibromes...
Endométrite chronique (inflammation de l’endomètre).
Microbiote utérin déséquilibré.
3. Causes hématologiques
Syndrome des antiphospholipides.
Troubles de la coagulation.
Problèmes vasculaires (ex. règles abondantes avec caillots).
4. Causes hormonales
Déséquilibres en œstrogènes ou en progestérone.
Hypothyroïdie, parfois associée à des anticorps antithyroïdiens.
Carences en micronutriments (magnésium, vitamine D, B9, B12...).
5. Causes immunologiques
Déséquilibre du système immunitaire entre la tolérance (défensive) et l’agressivité. Une réponse immunitaire inappropriée pourrait entraîner un rejet embryonnaire.
Hypothèse d’incompatibilité immunitaire entre les cellules maternelles et paternelles.
6. Causes masculines
Fragmentation de l’ADN spermatique, parfois liée à des infections, varicocèles ou facteurs environnementaux.
Comment investiguer ?
Un bilan peut inclure :
Analyse des produits de fausse couche (si récupérés chez soi ou lors d’un curetage).
Analyses sanguines, bilans hormonaux, immunologiques, génétiques.
Examens de l’utérus (échographie 3D, IRM, hystéroscopie).
Étude du microbiote utérin, dans certains cas.
Les coûts peuvent varier, certains examens étant pris en charge, d'autres non (de 0 à 800 € selon les analyses et laboratoires).
Et les traitements ?
À ce jour, aucun traitement n’est validé scientifiquement pour toutes les causes de fausses couches à répétition. Quelques approches sont explorées dans certains cas :
Aspirine nourrisson : en cas de troubles de la coagulation.
Immunomodulateurs : corticoïdes, intralipides, immunoglobulines (en essai clinique).
Supplémentation ciblée : vitamine B9/B12 méthylées (notamment en cas de mutation MTHFR), antioxydants, vitamine D, magnésium...
Rééquilibrage hormonal ou soutien à la phase lutéale.
Approches complémentaires : phytothérapie, micronutrition, hygiène de vie adaptée.
Quelle place pour la naturopathie ?
La naturopathie ne remplace pas la médecine conventionnelle, mais peut être un accompagnement précieux et complémentaire dans les parcours marqués par des arrêts de grossesse répétés. Elle vise à soutenir le corps dans sa globalité, à travers des approches individualisées et douces.
Voici quelques axes de travail :
🔹 Supplémentation adaptée
Une analyse des carences micronutritionnelles (vitamines B, D, magnésium, fer...) permet d’orienter une complémentation ciblée, indispensable au bon déroulement de la division cellulaire, à la prévention de l’oxydation et au soutien hormonal.
🔹 Réduction de l’inflammation
Un terrain inflammatoire chronique peut compromettre l’implantation embryonnaire. Par l’alimentation, l'hygiène de vie et des plantes anti-inflammatoires naturelles, il est possible de réguler cette inflammation de fond.
🔹 Soutien du système immunitaire
Lorsque la cause est d’ordre immunologique, la naturopathie peut aider à moduler la réponse immunitaire, en favorisant un équilibre entre tolérance et défense, pour prévenir le rejet embryonnaire.
🔹 Régulation hormonale
À travers l’observation de la glaire cervicale, des cycles et de la température basale, on peut mieux comprendre les déséquilibres hormonaux. Il est ensuite possible de soutenir la phase lutéale, notamment via la progestérone naturelle (phytothérapie, alimentation, rythme de vie…).
Par ailleurs, elle peut contribuer à :
Optimiser la fenêtre d’implantation, en favorisant un endomètre réceptif.
Améliorer la vascularisation utérine, essentielle pour une placentation stable.
Moduler le microbiote vaginal, dont l’équilibre est crucial pour la fertilité.
Un mot pour conclure
Même si les fausses couches sont fréquentes, votre douleur est légitime. La tristesse, la colère, l’incompréhension sont des émotions normales. Mais la culpabilité ne devrait pas en faire partie.
Chaque parcours est unique. Chercher les causes, comprendre son corps, adapter son mode de vie, consulter les bons spécialistes… peut aider à avancer avec plus de sérénité.
Ce contenu est informatif et ne remplace pas un avis médical. Si vous vivez cette situation, nous vous encourageons à vous entourer d’une équipe bienveillante et compétente pour vous accompagner dans vos démarches.
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